La base de données "Collections", mise en ligne par le Musée du Louvre, présente plus de 490 000 œuvres du musée du Louvre et du musée national Eugène-Delacroix.
Le site offre la possibilité de télécharger gratuitement en très bonne résolution des oeuvres des collections, et propose - ce qui est très utile pour nos cours sur l’art - des prises de vues de détails des tableaux.
Un exemple de la manipulation à effectuer, à partir de la page suivante, consacrée à la toile de Jean-Baptiste Regnault, L’origine de la sculpture ou Pygmalion amoureux de sa statue, huile sur toile, 1785, Château de Versailles :
Il suffit alors de cliquer sur l’icône "télécharger" et de choisir le téléchargement de l’ensemble des prises de vues de l’oeuvre choisie :
Dans le cadre d’un cours sur les liens entre l’art et la vie (en Terminale). Ce support peut être utile, accompagné d’un extrait des Métamorphoses d’Ovide :
OVIDE, Métamorphoses, Livre X, vers 243-297, traduction de A.-M. Boxus et J. Poucet, 2008.
Pygmalion les avait vues menant leur vie scélérate,
et s’offusquait des vices sans nombre transmis à la femme par la nature.
Aussi vivait-il en célibataire, sans épouse,
et pendant longtemps personne ne partagea sa couche.
Cependant, avec un art admirable, il sculpta de l’ivoire pur,
lui donnant une beauté avec laquelle nulle femme
ne peut naître ; et il tomba amoureux de son œuvre.
Elle a l’apparence d’une vraie jeune fille, on pourrait la croire
vivante et, si la réserve ne la retenait, prête à se mouvoir ;
tant l’art se dissimule à force d’art. Pygmalion est émerveillé
et les feux qu’éveille ce semblant de corps emplissent son cœur.
Souvent il s’approche, ses mains palpent son œuvre, ne sachant
si elle est de chair ou d’ivoire. Et il ne dit plus qu’elle est en ivoire ;
il lui donne des baisers, et pense qu’elle les lui rend ; il lui parle,
l’étreint, croit sentir ses doigts presser les membres qu’ils touchent
et craint que les bras ainsi serrés ne soient marqués de bleus.
Tantôt il lui dispense des caresses, tantôt lui offre des présents
appréciés par les filles : coquillages, beaux galets, petits oiseaux,
des fleurs de mille couleurs, des lis, des balles peintes
et les larmes des Héliades, tombées des arbres.
Il la pare aussi de vêtements, passe à ses doigts
des pierres précieuses et à son cou de longs colliers ;
il suspend des perles à ses oreilles, des chaînettes sur sa poitrine.
Tout lui sied ; et nue, elle ne paraît pas moins belle.
Il la pose sur des tapis teints de pourpre de Sidon,
il l’appelle la compagne de sa couche, et la dépose, nuque inclinée,
sur un coussin de plumes, comme si elle allait y être sensible.
Le jour de la fête de Vénus était très populaire dans toute l’île de Chypre Des génisses, dont les hautes cornes avaient été couvertes d’or,
étaient tombées sous la lame qui avait frappé leur cou de neige ;
les encensoirs fumaient. Son offrande accomplie, Pygmalion s’arrêta
près de l’autel et dit timidement : « Dieux, si vous pouvez tout donner,
je souhaite avoir pour épouse » – il n’osa dire « la vierge d’ivoire » –
“une jeune fille qui ressemble à ma statue d’ivoire”.
Vénus en personne qui, toute parée d’or, était présente à ses festivités,
comprit le sens de ces vœux et, en présage de la bienveillance divine,
la flamme trois fois se ralluma et éleva dans l’air sa langue de feu .
Une fois rentré chez lui, il se rendit près de la statue de son amie
et, couché près d’elle, la couvrit de baisers : elle lui parut tiède.
Il approche à nouveau ses lèvres, et de ses mains lui tâte la poitrine :
l’ivoire s’amollit quand il l’a touché, il perd de sa rigidité,
se creuse et cède sous les doigts, comme la cire de l’Hymette
qui fond au soleil et qui, sous le pouce qui la façonne, prend moultes formes
et devient d’autant plus propre à l’usage dans la mesure où l’on s’en sert.
L’amant reste interdit, hésite à se réjouir, craint de se tromper,
retire puis reprend à nouveau en mains l’objet de ses vœux :
c’était un corps vivant, dont les veines palpitent sous son pouce.
Alors le héros de Paphos conçoit des formules pleines de reconnaissance
pour rendre grâce à Vénus. Enfin ce n’est plus une fausse bouche,
qu’il presse sous sa bouche ; la jeune fille a senti les baisers
qu’il lui donne et elle a rougi, puis, levant timidement son regard
vers la lumière, elle a aperçu au même instant et le ciel et son amant.
La déesse assiste à l’union qu’elle a accomplie ; et déjà
quand les cornes de la lune neuf fois eurent refait un cercle plein,
la jeune femme mit au monde Paphos, une fille dont l’île conserve le nom.
Mise à jour : 21 juin 2023